L’anorexie est un trouble alimentaire qui concerne, en France, à peu près 1,5% de la population féminine, de 15 à 35 ans, ce qui correspond à environ 230 000 femmes à travers le pays. L’anorexie touche donc majoritairement les femmes, mais affecte aussi les hommes, avec 1 homme pour 9 femmes concerné.

C’est un trouble du comportement alimentaire qui affecte la plupart du temps les jeunes de moins de 25 ans, avec 70 000 adolescents touchés qui correspondent à 60 – 70% des anorexiques. Mais le trouble alimentaire touche de plus en plus les femmes et les hommes plus âgés, avec 170 000 adultes de 20 à 45 ans anorexiques, de par le vieillissement des malades (100 000 personnes concernées), mais aussi de par l’évolution de la société, qui pousse à suivre des critères de beauté définis (70 000 personnes concernées).

Source inserm 2019

Au delà des chiffres , j’aimerai partager le témoignage, d’une jeune femme qui a connu l’anorexie et qui doucement a trouvé les ressources en elle pour s’en sortir.
Cet écrit a été réalisé dans le but que son témoignage puisse être lu par d’autres personnes traversant la même maladie, afin de rompre la solitude , et d’y trouver l’espoir que l’on peut s’en sortir

« Voilà, ça fait deux ans que je me suis sortie de l’anorexie. C’était une maladie qui m’était totalement inconnue. Je pensais simplement que seules les mannequins et les personnes voulant être maigres pouvaient l’être. Pour « la » moi d’avant, et malheureusement pour beaucoup de personnes, être anorexique c’était seulement vouloir être maigre et être prêt à mettre sa propre santé en danger juste pour atteindre cet objectif de minceur.

En fait, l’anorexie est bien une véritable maladie. Elle arrive comme ça dans votre vie à la suite de nombreux événements qui vous ont profondément marqués, même si c’est de manière inconsciente, et cette maladie arrive pour vous montrer que vous êtes blessés, mais pas physiquement, mentalement. Quand vous avez tendance à ignorer vos émotions, ce que vous ressentez, que votre entourage banalise les événements marquants qui vous affectent, votre corps réagit. L’anorexie ou même la boulimie ne sont finalement qu’ une expression physique de nos émotions négatives.

Au départ personne ne s’en est rendu compte autour de moi. Même moi je ne voyais pas que je ne mangeais pas assez. C’est comme si mon corps voulait m’empêcher de voir la réalité. Je pesais alors 63kg. Un jour je me suis pesée et j’ai vu que j’en pesais 52. J’étais bouleversée et j’ai demandé à ma mère de m’emmener chez le médecin. Pour vous dire on a même suspecté un cancer pour expliquer cette perte de poids rapide tellement cette maladie est arrivée discrètement. Ma mère à plus tard pris un rendez-vous chez une nutritionniste et c’est là que le terme anorexie est sorti pour la première fois… ce fut un choc.

Dès que ce mot fut prononcé c’est là que le cauchemar commença. C’était comme si ce mot avait provoqué un déclic dans mon corps et que tous les symptômes arrivèrent : la fatigue, les vertiges, les douleurs thoracique, la perte de cheveux. Ça peut paraître fou, mais je m’en moquais. La chose la plus dure, la plus horrible c’était le regard des autres, les insultes, les coups, le rejet de son entourage. J’étais devenue une pestiférée, la personne à qui il ne fallait pas parler qu’il ne fallait pas approcher. J’étais devenue l’égoïste, la fille superficielle qui ne pensais qu’à son apparence et à sa ligne et moi au fond je souffrais. La culpabilité m’envahissait, la honte, la peur de mourir, d’être jugée, la colère d’une telle injustice, le sentiment d’être abandonnée même par ma propre famille et la solitude. Je ne pouvais parler de cette maladie à personne sans quoi je risquais d’être
moquée. Devoir garder la tête haute dehors, d’aller à l’école et suivre les cours comme tout le monde, maintenir les notes et une vie sociale… c’était épuisant. Je me suis rendue compte au fil du temps que le problème ne venait pas de la nourriture en soit mais de la capacité à manger. Déjà je ne voulais pas grossir, c’est un fait, mais je ne voulais pas maigrir, je maigrissais malgré moi. C’est comme si maintenir mon apparence squelettique me protégeait. Comme si en étant maigre les gens faisait enfin attention à moi, pas à moi en tant que personne mais à mes émotions, ce que je ressentais et ce que j’avais vécu. Comme si enfin les gens pouvaient voir de par mon apparence mes souffrances intérieures. Et ça marchait !

En effet en allant voir les médecins et les psychologues les gens entendaient ce que je leur disais et le prenaient enfin au sérieux mon histoire, mes peurs, mon sentiment d’insécurité, de solitude. Les gens en me voyant si faible et ne connaissant pas ma maladie étaient gentils avec moi et les professeurs compréhensifs. Cette maigreur m’aidait donc je me devais de l’entretenir. Je me suis ensuite rendue compte que j’étais devenue incapable de manger. En analysant durant mes repas pourquoi je n’arrivais pas à manger j’ai compris : au niveau de mon estomac j’avais comme une boule, une boule d’émotion. Un mélange de colère et de tristesse qui se transformait en peur. Cette peur c’était comme un stress. Pas un stress comme celui avant un contrôle en cours, un stress qui paralyse toute la partie haute du corps. Ma gorge se nouait comme avant de pleurer et ma langue se contractait au fond de ma bouche empêchant la nourriture de rentrer.

Cette boule d’émotion était vraiment forte et prenait toute la place dans mon corps, obstruait toutes sensations ou émotions. Je ne pouvait pas manger. Lors des repas cette boule se déclenchait et ne me voyant pas manger tout mon entourage me forçait à manger. Seulement le fait de ne pas y arriver m’angoissant déjà la pression extérieure se rajoutant ne faisait qu’augmenter ce sentiment de peur. Lorsque je tentais d’avaler, ma langue bouchait l’entrée de ma gorge, lorsque je tentais d’avaler, le nœud dans ma gorge m’empêchait de déglutir, et lorsque j’avais enfin réussi ces étapes la boule d’émotion me donnait des nausées et c’est comme si elle tentait de rejeter la nourriture de mon corps.

Après avoir réussi de manger, un sentiment de culpabilité extrême m’envahissait. La boule dans mon corps prenait encore plus de place et la panique qui m’envahissait prenait des proportions énormes. Je montais alors dans ma chambre et je pleurais pendant des heures sans pouvoir m’arrêter. Mon corps se crispait comme une crise de tétanie et je me mettais à trembler. Je ne pouvais plus parler, plus bouger je pouvais seulement écouter : écouter mes parents se disputer à cause de moi, entendre mon frère pleurer, ma sœur me haïr. J’entendais des insultes à mon égard j’étais un poids pour ma famille. Un poids émotionnel, un poids financier, un poids pour vivre et faire des activités. J’avais des obsessions pour la nourriture. j’en rêvais, j’y pensais, je cuisinais. Toute ma vie tournait autour de cette maladie et de ses obsessions. Ma vie n’avait plus de sens, à par souffrir et avoir des pensées envahissantes plus rien ne me retenait.

Ma mère était ma seule famille, les autres m’évitaient, mes amies ne pouvaient pas comprendre ce que je vivais et je n’arrivais plus à suivre les conversations donc j’étais mise de côté. Je ne pouvais faire aucune activité du fait de ma faiblesse et de mes obsessions. J’étais désespérée. j’ai donc voulu mettre fin à mes jours. J’étais vide, plus aucune émotion ne passait par mon corps. Je ne ressentais plus rien. c’était en moi comme un immense trou noir vide, sans fond dans lequel je sombrais, seule.

Un jour j’ai décidé malgré mon mal être de partir en Angleterre chez une amie seule 1 semaine. A la fin de cette semaine j’étais guérie. Ne me demandez pas comment ni pourquoi mais je pouvais de nouveau remanger. Je faisais encore de temps à autre des crises d’angoisse mais moins fortes et moins longues. Et au fur et à mesure du temps j’ai repris du poids. Rapidement certes, mais je m’en moquais. Plus je prenais du poids plus je ressemblais enfin à une personne vivante !!!

Je mangeais des quantités incroyables de nourriture et je grossissais rapidement. C’était compulsifs au départ, j’étais devenue tellement maigre que dès que j’ai pu remanger, je me jetais sur la nourriture au point de vomir, tellement je mangeais. Mais je reprenais du poids et j’étais heureuse.

Seulement ces crises ne se sont pas encore calmées. Dès que des émotions négatives se manifestent je mange. Ces émotions m’enveloppent. Elles prennent le contrôle de mon esprit. Je mange alors très vite et en très grande quantité. Pendant que je mange je ne pense plus à ces émotions. Seulement quand je tente de cesser de manger l’obsession de la nourriture devient de plus en plus forte et toute activité même dormir est impossible. Je ne peux pas travailler, pas lire, pas courir, même pas regarder un film tant je pense à la nourriture. C’est comme si le fait de manger me rassurait.

Mon rapport entre l’émotionnel et la nourriture est encore très lié et j’ai beaucoup de mal à m’en défaire. Je me suis donc rendue compte qu’il fallait que je calme mes émotions pour défaire ce lien avec la nourriture. Je ne suis pas encore capable de le faire seule mais avec le temps tout devrait rentrer dans l’ordre !

Ce qui m’est arrivée je ne pourrai pas le changer, je ne pourrai pas l’effacer ça fait parti de moi de mon histoire. Et comme chaque expérience de vie, celle-ci m’a fait grandir, m’a fait comprendre énormément de choses sur moi, sur mon corps, et sur l’incroyable importance de mes émotions. Cette histoire m’a permis de prendre du recul sur moi-même, sur mes capacités physiques et mentale, j’ai appris à mieux me connaître, à savoir qui je suis.

J’ai appris aussi beaucoup des autres, de leurs comportements et de leur réactions face à la difficulté, à la peur et à la mort. J’ai développé une force en moi, du courage, une force de volonté et une plus grande capacité d’écoute et d’analyse de mes émotions. J’ai pu voir à quel point les émotions jouent un important rôle sur la santé mentale mais aussi qu’elles peuvent avoir une importante répercussion sur la santé physique.

C’est là que pour moi le proverbe qui suit à prit tout son sens :
« Un esprit sain dans un corps sain ».

Et ça je ne l’oublierais jamais… »

Merci à elle.

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